Je fais des rêves épouvantables, en ce moment,
des rêves construits, avec un début et une chute
qui me réveillent en sursaut alors que je suis en nage.
Le dernier commence très fort :
je suis à la terrasse d'une belle maison qu'on m'a prêtée,
je lis, au soleil, au milieu des pins, en fin d'après-midi;
il fait doux et ça sent bon.
La grande route qui passe devant la demeure
est déserte. Seuls quelques moucherons s'agitent un peu
au-dessus de la balustrade en bois et viennent me taquiner
de temps à autres.
Soudain, une voiture décapotable s'arrête à ma hauteur.
Tous les moucherons foncent sur moi et me piquent les yeux;
je n'arrive donc pas à distinguer les passagers.
Je me dis : c'est mauvais signe...
En m'essuyant le visage, j'aperçois une femme blonde,
la trentaine. Elle est au volant, accompagnée de deux ou trois hommes,
me hèle et descend du véhicule.
Je la reconnais : c'est une ancienne élève d'un cours de théâtre,
croisée quelques années auparavant. Elle se dirige vers moi,
le sourire aux lèvres, suivie de ses compagnons.
Je l'accueille chaleureusement, leur propose d'entrer, de rester dîner avec nous;
M. est parti faire des courses, il ne va pas tarder.
On échange quelques mots,
elle travaille dans le show biz, prétend que les affaires vont bien.
M. arrive, dépose un canard emballé sous vide sur la table de la cuisine.
Un homme retire le plastique et découvre un morceau de foie gras, lui aussi sous plastique.
Il fait remarquer que le paquet dans son entier provient des Etats-Unis.
Plaisanteries sur la promotion du canard vendu avec le foie.
Nous sommes quatre ou cinq dans la cuisine; je débarrasse tout en faisant les présentations.
M. n'est pas très loquace et sort. Je reste seule avec la femme blonde;
nous faisons un brin de vaisselle. Elle me parle d'une fille incroyable,
Isabelle, que je dois, selon elle, rencontrer à tout prix.
Je l'écoute d'une oreille distraite.
Les hommes reviennent, suivis de cinq autres personnes,
dont cette "star", brune et insipide qui s'approche de M.
et lui susurre à l'oreille qu'elle s'appelle Isabelle,
ce à quoi M. répond sur un ton fort ironique
que son prénom est tout à fait original.
La cuisine est désormais envahie, c'est à peine si nous logeons tous.
Je regarde le canard avec tristesse car il est trop petit pour dix
mais tout le monde s'est déjà servi de foie gras.
M. qui n'a encore rien touché affiche son mécontentement.
J'annonce que nous n'avons plus assez de nourriture pour dîner ensemble.
Ils s'exclament que c'est bien suffisant et continuent à dévorer
tout ce qu'ils peuvent. Je suis obligée de m'écrier que
M. et moi n'avons pas envie de pique-niquer!
Mon agacement finit par les faire fuir de la cuisine.
Ils décident alors d'inspecter la maison, elle en tête,
qui s'extasie au moindre objet, ouvre grand chaque porte,
martèle le sol de ses talons... Une drôle de vieille femme
arpente les autres pièces de son côté. J'essaie de la suivre
et de comprendre son manège mais le bouton des interrupteurs
ne fonctionne pas lorsque celle-ci se trouve à l'intérieur,
ou plutôt elle s'allument et s'éteignent aussitôt, par intermittence...
Tout le monde s'éparpille dans la maison qui semble immense
car ils se faufilent dans des dépendances où je ne suis jamais allée.
Je retrouve M. dans l'une d'elles.
La blonde, accompagnée de deux ou trois hommes,
a forcé une lourde porte en bois cloutée et commente sans interruption
la splendeur des tomettes, l'espace disponible et la hauteur des plafonds.
M et moi nous asseyons dans un couloir,
sur une rangée de strapontins soudés au mur.
Nous convenons que la maison est vaste
et luxueuse, à notre grand étonnement.
En sortant, je remarque que de l'eau coule
à travers les poutres en bois qui recouvrent un patio.
Isabelle, offensée par le peu de cas que lui a fait M.
est en train de prendre un bain au premier étage.
Elle chantonne. Ça déborde jusque sur la terrasse qui longe la salle de bains.
Je trouve la manette dissimulée dans le patio et coupe l'arrivée d'eau
puis me remets à la recherche de cette vieille harpie
qui furète dans tous les coins. Je la retrouve dans le salon,
essaie d'allumer la lumière qui s'éteint, grésille et s'éteint à nouveau.
Elle est voûtée et s'accroche à un vieux sac à mains.
Tombant sur moi au sortir de la pièce, elle s'effraie horriblement.
Elle camoufle une paire de chaussures à paillettes sous son sac
et me regarde, interdite. Ces chaussures ne m'appartiennent pas.
Elle sont à la femme qui, avec son mari, m'a gentiment prêté la maison.
Je suis glacée d'effroi et me réveille enfin.
D'où vient cette parano? De la fatigue, peut-être...
mercredi, novembre 22, 2006
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4 commentaires:
À ta place, je me servirai d'un capteur de rêve: utile non seulement pour filtrer les rêves, mais pour les interpréter aussi.
En plus, j'en ai un, magnifique. Non mais ça y est, j'ai compris l'origine du rêve, donc... une chose de réglée.
Comme quoi, il faut les écrire. Bon, pas nécessairement sur un blog...
Ah mais il est nécessaire que les règles soient plus souples pour les artistes. L'art a ses raisons que la raison ne connaît point, après tout.
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